Webzine indépendant et tendancieux

Live-Report
Alan Corbel - Robin Foster - Le Café De La Danse

14 avril 2017
Rédigé par Florian Sallaberry

C'est un peu iodés que nous nous retrouvons au Café de la Danse pour une double release party du breton Alan Corbel et du finistérien d'adoption Robin Foster. Rassurons nous, personne n'a emmené sa bombarde pour nous casser les oreilles, pas non plus de traces de cornemuse, Corbel baigne dans la folk-rock anglo-saxonne quand Foster nous sert un post-rock atmosphérique.

Alan Corbel fête donc l'arrivée de son deuxième album Like A Ghost Again sorti ce 3 mars. Folk-rock assez conventionnelle, Alan joue une musique assez éloignée de ce que nous chroniquons ici d'habtiude, car nous aimons être bousculés. Mais sa voix douce, très haute, tout en justesse nous emporte sur ces sonorités pop, ces relents rock, ces légères impressions country. Nous oublions, un temps, nos exigences d'orgueilleux pour finalement apprécier ce moment voluptueux. Le concert prend en densité lorsqu'une violoncelliste rejoint le groupe sur scène, donnant aux compositions du breton des aspects épiques pas piqués des hannetons. C'est ensuite l'incroyable Albin de la Simone, qui a participé à son dernier album, qui vient jouer du piano. Après un beau premier morceau en piano-voix, Albin reste pour une reprise réussie du White Rabbit des Jefferson Airplane. Auparavant, on avait déjà entendu un vieux morceau : une version aérienne de l'immense Venus In Furs du Velvet Underground qui aura sû nous ravir. Et puis finalement, seul à la guitare, Alan joue le très émotionnant Two Hearts In love, ballade aux airs du Calling You de Bagdad Café.

C'est ensuite à Robin Foster, anglais définitivement installé en Bretagne, de se placer devant le mur en pierres apparentes du Café de La Danse. Début février, celui-ci a sorti son quatrième album Empyrean. Adepte d'un rock instrumental où les guitares prennent une place prépondérante, le grand breton distille des mélodies impeccables formées de boucles et répétitions que ne renient pas les amateurs de post-rock que nous sommes. Parfois, on croit entendre le Yann Tiersen des Retrouvailles, à croire que la houle, ce mouvement hypnotique infini, inspire. On se retrouve alors au coeur d'une tempête (Vauban, Argentina), des vagues qui tapent contre la coque, ça tangue. Puis, plus tard, la douceur d'un retour au port (Peninsular, Hercules Climbs the White Mountain), où l'on s'oublie le regard perdu vers les pierres du dock, les pierres du fond de la scène. On pense alors à Sigur Ros, allongé sur le pont, une douce brise nous carressant le visage. Vers la fin du concert, Robin invite un ami (dont je n'ai pas saisi le nom, Christian peut-être) à chanter sur une reprise énervée du I'm Waiting For My Man des déjà cités new-yorkais. Entre pierres et mer, un concert qui sort de l'habitude pour My Cat Is Yellow, plus pop, moins dérangeant mais tout aussi envoûtant. Une soirée, non loin de Brocéliande, où l'on aura eu de plus le plaisir d'apercevoir par deux fois le fantôme du Lou.