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Live-Report
Froth + Yuko Yuko + Slaap - Le Checkpoint

24 février 2015
Rédigé par François Freundlich

Le petit club du Checkpoint au centre de Strasbourg accueillait une affiche atypique avec trois groupes qui ont su titiller notre intérêt après l’écoute attentive de leurs quelques morceaux. On entendait parler hollandais ou américain dans les escaliers alors qu’on en était encore à la phase d'hydratation. Les Strasbourgeois de SLAAP donneront le coup d’envoi alors que Froth, fers de lance d'une scène psyché californienne en ébullition et à la hype grandissante, leur succéderont. Enfin, la joyeuse bande de Yuko Yuko apportera la touche européenne à la soirée.

Ce n’était pas eux les Hollandais de la soirée malgré leur nom qui aurait pu prêter à confusion. Les locaux de SLAAP font s’envoler un post-punk aux riffs acérés et à la basse dansante et mélodique, le tout dans un power trio jubilatoire. Leurs compositions se targuent parfois d’accent noisy malgré des intonations pop constantes avec Sonic Youth en point de mire. Si on peut aisément onduler de la nuque sur leur rythmique métronomique, on est parfois refroidis par une voix aléatoire. On retiendra des instrumentaux Joy Divisionesques qui ont pleinement réussi à lancer la soirée devant un club chaud bouillant.

Le groupe tant attendu de la soirée prend les commandes avec classe : les Froth de Los Angeles vont réussir à nous faire fermer les yeux et à nous emporter loin avec leur psychédélisme teinté de surf tout droit sorti d’un garage californien. Tout y est, des palmiers nous pousseraient presque sous les pieds malgré les 0° extérieurs. Penché sur son micro et la casquette bien vissée, le chanteur Joojoo Ashworth libère une voix juvénile et traînante, avec des syllabes s’étendant au-delà de tout carcan, dans des échos malicieux. On a réellement l’impression d’écouter un son neuf dans cette scène psychédélique qui se ressemble parfois beaucoup. Froth va piocher du côté des (good) Seeds tout en ajoutant une touche contemporaine dans la composition. Le quatuor n’hésite pas à renverser ses morceaux ou à partir dans de longs solos instrumentaux diablement efficaces. On n’en demandait pas plus pour s’envoler.

Pour terminer la soirée, les cinq Hollandais de Yuko Yuko vont apporter leur grain de folie avec une synth-wave fortement dosée à l’europop. Après les labyrinthiques Froth, un peu de simplicité était de rigueur même si le batteur fou ne l’entend pas de cette oreille en tonnant sur son instrument électrique comme on s’envolerait au-dessus d’un nid de coucou. Les compositions sont courtes et manquent parfois d’entrain même si ce groupe possède une dose de fun non négligeable. La claviériste prend le micro pour entonner un hymne plus dansant et le groupe y gagne subitement en charisme. Ses ardeurs seront vite stoppées par un chanteur aux mimiques étranges, lui sommant de regagner sa place à peine la chanson terminée. Ambiance ! Une fin de concert un peu moins convenue nous excitera davantage avec des sonorités à la The Cure d’un guitariste plutôt inspiré.

On retiendra avant tout de cette soirée la géniale prestation de Froth, groupe qui risque de s’imposer comme une future pointure d’un mouvement psychédélique californien qu'on suit à la loupe ces derniers temps.