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Live-Report
Grand Blanc + Flavien Berger + Faune - Petit Bain

10 novembre 2014
Rédigé par Florian Sallaberry

Pop en stock au Petit Bain. Pour sa deuxième soirée de découvertes « Labo Pop », notre péniche préférée a convié un échantillon représentatif des variations de la pop en France : planante chez Faune, déstructurée pour Flavien Berger et glaciale chez Grand Blanc, le spectre hexagonal du genre est large.

 

Les premiers instants du set de Faune nous plongent dans une ambiance cinématographique, sorte de générique d'ouverture épique teinté de sifflement à la Morricone . Dandy-cool stoïque, le chanteur pose sa voix douce sur les mélodies ambitieuses du trio nanto-parisien appuyées par le jeu enjoué d'un batteur enthousiaste. Les compositions oniriques des deux EPs du groupe s'harmonisent avec les textes poétiques d'une plume de maître et s'orientent assurément vers les sommets.

 

Changement de décor avec Flavien Berger dont l'attirail scénique est essentiellement composé de machines. L'EP Mars Balnéaire est une douceur pop dont les morceaux durent entre 5 et 14 minutes, où Flavien chante avec une voix proche du papa de tous les popeux, le grand Etienne Daho. Sur scène, le jeune homme déstructure complètement ses morceaux, ne gardant que l'essence électro, en tapant fortement sur les basses. L'attitude du chanteur, semblant être en improvisation totale, est déconcertante. Sur les beats dansants, viendront se greffer des mélodies orientales ou asiatiques, nous laissant une impression de patchwork électro-punk barbare. L'attitude du public est divisée entre convaincu en transe et sceptique se questionnant.

 

Rien qu'à l'évocation de Grand Blanc, on frissonne déjà : un nom évoquant la neige, le froid, le grand nord, les congères, la glace … Délivrant une pop-cold-wave, le groupe parisien originaire de l'Est de la France, a sorti fin septembre un EP tout à fait fascinant, empreint de dark-pop 80s et de chanson française. Premier morceau du maxi, Degré Zéro marque aussi l'ouverture du set : les premiers moments font penser aux ballades de Christophe, en particulier au niveau de la voix aigüe de la chanteuse. Très vite, la chanson monte en puissance, les claviers sont glaçants. Sur les refrains, la voix grave du chanteur-guitariste à moustache répond à celle de la claviériste. Les Grand Blanc osent la reprise du one-hit wonder Goodbye Horses (Q-Lazarrus) : en français, l'effet est réussi. Si ce son cold-wave semble glacial, c'est une vraie bouffée de chaleur rock que nous ressentons. On retiendra l'étouffant Montparnasse, lente montée en puissance vers un océan sonore marqué par les vociférations du chanteur. Le dernier morceau, Samedi La Nuit est le plus marquant de tous : basse puissante, rythmique folle. Le public est conquis, se convulsant au rythme des paroles dans lesquelles il nous semble apercevoir le fantôme de Bashung. Le gimmick entêtant de Samedi La Nuit, se répétant à l'infini, résonne encore dans nos têtes au moment de regagner le quai.

 

Ambitieux par instant, déconcertants par d'autres, les jeunes pousses de la pop hexagonale auront soufflé le chaud et le froid dans la cale du Petit Bain. C'est avec plaisir que nous retrouverons Grand Blanc aux Transmusicales de Rennes et que nous couvrirons les prochaines éditions de la pépinière Labo Pop.