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Live-Report
Jambinai + Winter Family - FGO Barbara

29 mai 2017
Rédigé par Florian Sallaberry

Sans quitter le 18ème, au FGO Barbara où nous avons désormais nos habitudes, nous avons pas mal voyagé. Entre les sombres compositions du couple franco-israélien Winter Family et les démences post-rock des sud-coréens Jambinai.

Winter Family est né de la rencontre de Ruth Rosenthal et Xavier Klaine et de leur vie entre Paris, Israël, le Japon, la Suisse, une église en lorraine, une ferme Sarthoise, Brooklyn ... Leur son au carrefour de ces cultures est également une conséquence d'un évênement regrettable : en 2012, leur matériel est détruit suite au passage de l'ouragan Sandy. Ils achètent un clavier, une boîte à rythme et reviennent à un certain minimalisme dans leur compositions. Marquée par une orgue très présente conférant un côté sombre et monacal à leur musique, les compositions évoluent entre douceurs (Nina) et énervements électros aux aspérités dansantes (Spring Roll). Mais cette relative jovialité est contrebalancée par la voix tremblotante de Ruth, le visage grave et qui nous fait clairement comprendre qu'elle n'est pas en train de nous raconter des blagues. On s'imagine effrayé dans un décor déchiré au proche-orient. Même ses imitations de bruits de guerre ne feront pas rire. On notera l'apparition d'une enfant (leur fille?) qui viendra jouer du sampleur et faire quelques choeurs. Un moment à part, un groupe inclassable aux compositions sombres et passionnantes.

Dépaysement total dès l'installation du second groupe : nous avons le plaisir de voir des instruments traditionnels sud-coréens sur la scène. Sur la gauche de la scène, une jeune femme prépare son haegeum, sorte de violon au son aïgu proche d'une scie musicale. Sur la droite, un geomungo, grande cithare dont les cordes seront tantôt frotées avec un archet ou pincées avec un plectre. Jambinai ouvre son premier morceau tout en puissance, le guitariste ajoute aux instruments précédemment décrits le son dissonant d'un taepyeongso. C'est un Godspeed! You Black Emperor d'extrême orient où se mélangent sonorités asiatiques, sinusoïdes post-rock évoluant entre sombres douceurs et aspérités énervées aux limites d'un métal hardcore. Tout le long du concert, nous sommes happés par une certaine tension, mélange de colère et d'émotion, rappelant les manifestations monstres contre la corruption à Séoul. Le groupe, d'ailleurs, ne manque pas d'y faire allusion. Sur leur dernier morceau, Connection rebaptisé Re:connection pour l'occasion, le groupe affirme son bonheur de retrouver son public français et son plaisir à "reconnecter" avec celui-ci. Alors que je m'éloigne de la salle pour reposer mes tympans, le groupe conclut avec un long rappel sonique.

Une soirée au FGO-Barbara que nous n'oublierons pas : deux découvertes incroyables imprégnées de voyages et de sons folkloriques.