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Live-Report
Kadebostany à La Laiterie

04 janvier 2014
Rédigé par François Freundlich

Kadebostany 
La Laiterie, 28 novembre 2013



C’est la première fois que nous chroniquons un groupe venu de la république de Kadebostany et à vrai dire, nous avons été soudoyés par des généraux en uniforme pour ne dire que du bien d’eux. Mais bon, ici on est indépendants : c’est inscrit en haut à droite du site. Nous allons donc en parler franchement, quitte à risquer nos vies pour que nos lecteurs aient un point de vue objectif. Même si disons-le : ce groupe est merveilleux.

Une pré-hype s’est emparée de ce groupe, mais juste avant leur passage dans Tracks, c’est à La Laiterie de Strasbourg que le quintet fusionnant électro, rock, hip-hop et fanfare a installé son lightshow en forme de machine de guerre. À l’avant de multiples néons et de deux drapeaux géants aux couleurs de leur pays vaguement situé en Europe de l’Est (mais pas si loin de la Suisse), le président Kadebostan se dresse de tout son cuir derrière une table de mixage géante de laquelle il puise de multiples samples parfois laid-back, parfois plus excités. La chanteuse en tenue de guérillero de la révolution déploie sa voix grave aux intonations soul multifacettes et plutôt impressionnante, surtout sur les passages où elle se met à rapper avec un flow sombre et agressif. Les deux généraux en tenue sont chargés d’enflammer le saxophone et le trombone à coulisse sur des montées dansantes, des inspirations folkloriques ou des solos enlevés. Ajoutez à cela une guitare électrique à saturations aléatoires, parfois remplacée par une basse, et vous pénétrez dans un pays ne souffrant aucune comparaison tant l’originalité de cette musique s’entend à tous les niveaux.

Dès l’entrée en scène, nous sommes invités à placer nos doigts sur notre tempe pour rendre hommage à l’hymne de la Kadebostany. À partir de là, les lasers, vidéos projetés sur les drapeaux et autres lumières LED éblouissantes placées en l’air et au sol vont lancer un show à l’énergie débordante. On ne sait plus où donner de la tête entre ces installations et ces musiciens en costume, mais les yeux se perdent souvent sur la chanteuse tatouée Amina qui dégage une force maîtrisée, sous ses airs de diva pop entre Ella Fitzgerald et Amy Winehouse. Son tatouage « L’ataraxie » sur le coude ne correspond pas vraiment à ce groupe tout feu tout flamme, même s'il s’agit d’un mot que l’on apprécie assez. Son interprétation du tragique titre Castle In The Snow est en tout cas empreinte d’une fraîcheur étourdissante. La danse n’est pas oubliée et il est difficile de rester immobile devant ces rythmiques des plus entraînantes dispersées par Kadebostan et surmontées de cuivres. Le public n’hésite pas à répondre aux silences par des « Hey ! » sur le titre du même nom. Après ces passages pop, voire folkloriques, place au déchaînement hip-hop sur Walking With a Ghost avec un rap tout en classe au phrasé addictif qui donne envie de parler des mains, sans oublier son final Tarantitanesque cuivré. Le tube électro-pop Jolan est finalement interprété à la fin du set pour terminer de chauffer une atmosphère déjà brûlante dans une ambiance de club.

Nos membres n’y ont pas résisté, ils ont remué du début à la fin de ce show aussi varié que les espèces de poissons dans une rivière kadebostanienne ou que d’oiseaux dans son air si pur. Un peu d’électro, des relents biatch, un soupçon de pop et des aspirations punk, nous souhaitons force et honneur à la Kadebostany, ainsi qu’une longue vie à son président. On s’arrangera pour le passeport et le compte offshore. 


Photos de Eric Schneider