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Live-Report
L.A. Witch + Toybloïd à La Laiterie

15 mars 2017
Rédigé par François Freundlich

Une soirée de filles à guitares se tenait à La Laiterie avec les Californiennes de L.A. Witch , trio psychédélique enivrant, précédées par les Parisiens de Toybloïd et leur garage-rock jouissif et punchy. Deux groupes évoluant pourtant aux antipodes l’un de l’autre.

C’est bien plus qu’une simple première partie, avec un vrai concert d’une heure, qu’offrent les énergiques Toybloïd, portés par de nombreux fans récitant leurs textes simples et efficaces par cœur. On ressent une certaine fraîcheur dans les sonorités directes et sans fioritures du trio, rappelant parfois les Anglais de Blood Red Shoes. L’efficacité fun et pop nous fait bouger le bassin même si les courts morceaux qui s’enchaînent ne sont pas d’une grande diversité, se ressemblant souvent grandement. L’énergie de la chanteuse et de la bassiste aux leggings fluo est communicative et l'on se prend facilement au jeu des Toybloïd, d’autant plus avec cette reprise bien sentie du titre Deceptacon du groupe Le Tigre. Les Parisiens inviteront même une fan du coin qui reprenait leurs morceaux sur Instagram à se produire avec eux à la guitare. Même si le tout restait un brin gentillet, voilà le genre de groupe qui fait du bien à la scène française et dont on ne demande qu’à voir remplir les salles et les festivals !

Les trois Californiennes de L.A. Witch vont calmer le jeu avec leur rock psychédélique lancinant aux échos lointains. Malgré leur attitude nonchalante, ne remuant pas d’un pouce contrairement à leurs prédécesseurs, les filles nous envoient en plein désert de Mojave avec leur son éraillé et fuyant, comme si le soleil jouait directement sur les cordes molles. Les accents lo-fi rappellent grandement The Breeders, si l’on excepte la voix imposante et rude de Sade Sanchez, le visage caché derrière ses longs cheveux noirs. On apprécie également l’énergie de l’hypnotisante batteuse Ellie English dont la moue ne rivalise qu’avec celle encore plus sérieuse de la bassiste Irita Pai. L.A. Witch sont impressionnantes de facilité, enchaînant les phases complexes de titres évoluant entre blues-rock à fleur de peau et post-punk débridé. Les lourdes guitares rappellent parfois The Brian Jonestown Massacre dans ce côté underground assumé, cherchant en permanence à perdre pied pour finalement retomber sur ses pattes. Le charme des sorcières nous a brûlé la peau.

 

La distance était grande entre les Toybloïd tout en énergie et les L.A. Witch tout en langueur, mais les guitares ont vibré autant que nos cœurs.