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Live-Report
Les Eurockéennes de Belfort 2017 - Jour 4 (dimanche)

26 juillet 2017
Rédigé par Fanny Bonely

-“Le gros nuage noir là-bas, c’est normal?”

-”Meuf, t’es à Belfort.”

La pluie, aux Eurocks, c’est un peu une tradition. A chaque édition, sa pluie de saison. Alors aujourd’hui que ça te plaise ou non, on va danser dans la boue. Viens glisser avec nous !

Dimanche - Les grandes eaux

 

On commence avec les bien nommés Rocky. Sous nos kway de compétition, on apprécie la chaleur de la voix d'Inès Kokou et les arrangements funky du groupe qui nous sont proposés ce soir, presque autant que de voir le site de Malsaucy se remplir de festivaliers vêtus de sacs poubelles - Franche-Comté staïle.

On se dirige ensuite vers la plage - histoire de faire trempette - pour voir l’improbable et génial duo Cheveu & Doueh. On avait déjà croisé les bordelais de Cheveu sur la route des festivals, et nous sommes ravis de les retrouver si bien accompagnés. L’alchimie est parfaite entre les légendes sahraouis et nos punks bordelais. Tout notre corps ne peut se retenir de danser, de vibrer, au son de ce furieux cocktail. Il pleut à moitié sur scène, les instruments prennent l’eau, mais qu’importe, nous profitons du moment et nous sommes déjà impatients de les revoir.

Nous rendons ensuite visite à l’ami
Bachar Mar Khalifé. Accompagné ce soir de la magicienne Alsarah, il nous propose un concert en forme d’hommage au musicien nubien Hamza El Din, doux comme le son de la pluie, pour commencer, puis déchaîné comme une tempête. Le franco-libanais a cette incroyable capacité de faire de chaque rencontre un petit miracle, toujours différent, toujours magique.

On quitte la plage pour la Green Room et la cosmique Solange. Plus connue comme “la sœur de” (et à tort) que pour sa musique, elle nous propose ce soir une présentation de l’excellent A Seat At The Table sur scène. Accompagnée par une formation cuivre, deux claviers et une batterie groovy à souhait, les arrangements live sont parfaits. L’élégante et magnifique scénographie finit de nous convaincre, et on regrette presque que le public ce soit absenté pour aller applaudir le groupe Phœnix qui débute son set sur la Grande Scène.

Nous finissons cependant par les rejoindre afin de voir ce que le team Versaillais a dans le ventre ce soir. On y trouve du love, comme à leur habitude. Ils sont heureux d'être à Belfort ce soir et leur bonne humeur est communicative. C’est joyeux, c’est l’été sous la pluie franc-comtoise. On regrette cependant le côté un peu répétitif - some kind of
déjà-vu - des titres du nouvel album.

Le temps d’assister à un respectable concours de glissade sur boue (Belfort regorge de papas-pingouins en puissance, il faut le noter), et c’est l’heure du grand final. Les canadiens d’Arcade Fire investissent la Grande Scène, et de manière magistrale entament le disco-moumoute Everything Now. C’est parti pour un voyage dans le temps : Funeral et son Rebellion Lies , Neon Bible et son No Cars Go, le groupe nous propose les titres qui ont marqué chacun de leurs albums. The Suburbs, Reflektor. Tout s'enchaîne dans une parfaite fluidité, les arrangements live ont ce soir cette touche punchy, un poil 80s qui marque le nouvel album. Puis c’est le saut dans le futur : accompagné du fils Bebey et son désormais fameux solo “flûte de pan”, ils entament leurs nouveaux titres : sexy-Régine entamant une danse lascive, boa autour du cou, telle une déesse des faubourgs. A l’heure du rappel, le groupe nous revient avec l’incroyable machine à frissons Wake Up. Et comme le disait si bien R. Kelly, notre père spirituel à tous : je crois que je vole, je crois que je peux toucher le ciel. Entendre la foule reprendre les chœurs de concert avec le groupe est une expérience à chaque fois incroyable.
 

Et puis soudain, des grondements résonnent au loin : des feux d’artifices transpercent le ciel pendant que la voix de Win Butler nous murmure “Someone told me not to cry”.

Inoubliable, forcément.


Photos de Eric Schneider