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Live-Report
Mermonte et Boogers au Café de la Danse

24 novembre 2014
Rédigé par Cannelle Garcia

C’est pour la Fair : Party#1 que l’on se retrouve ce soir au Café de la Danse.
Le Fair c’est une association de promotion d’artistes. Tous les ans ils font une sélection d’artistes qu’ils accompagnent financièrement, juridiquement etc… C’est « 1er dispositif de soutien au démarrage de carrière et de professionnalisation en musiques actuelles », nous dit le site. La sélection 2015 est d’ailleurs disponible sur ce dernier.
Et pour cette première, c’est à deux anciens lauréats, Boogers, lauréat du Fair 2011, et Mermonte, lauréat en 2014 que revient la tâche d’inaugurer cette soirée.

Les places assises y sont les bienvenues car la soirée débute par la diffusion d’Onamission, A film with Mermonte, le « maxi concert à emporter » de Mermonte, dixit Hugo Jouxtel de la Blogothèque, le réalisateur. Un court-métrage de 30 minutes sous forme de Road Movie tourné décembre 2012 où l’on suit Mermonte sur les routes bretonnes.

Va savoir pourquoi, mais au Café de la Danse, ils ont décidé de projeter ce film directement sur le mur en pierre du fond de la scène. La qualité de l’image est donc assez détestable. Au début c’en est même frustrant, la première scène s’ouvrant sur les enfants d’une classe maternelle, leurs visages, avec la déformation et la couleur du mur, semblent tout droit sortis d’un film d’horreur. Puis Mermonte commencent à jouer, dans la cours de récré de cette école bretonne, et là, la qualité de l’image ne nous importe plus tant que ça. C’est ça l’effet Mermonte, on se laisse porter par les morceaux de leur dernier album, Audiorama. On y voit Mermonte jouer à « Poule, renard, vipère », jouer à l’arrière d’un bus de campagne, dans le salon d’une maison de campagne en pierre ou encore sur le pont d’un bateau de pêche.  C’est joli, poétique, comme du Mermonte.

L’équipe de la Blogothèque, (Hugo Jouxtel, le réalisateur et Henri d’Armencourt, l’ingé son), nous offre là un très joli moment. Le film est disponible sur le site de la Blogothèque.

La lumière se rallume, à peine le temps de finir d’applaudir tout ce petit monde, que du haut des gradins, Boogers entre en jeu.
Sac-à-dos-enceinte sur le dos, mains dans les poches, il file à travers le public, entamant son premier morceau et faisant le show. Il monte sur scène retire son attirail, attrape sa guitare et c’est parti pour un set de haute volée. Il est seul sur scène, mais ça ne se voit pas, il remplit l’espace pourtant bien encombré par les dizaines d’instruments déjà installés pour Mermonte. Sa musique est un peu barrée, comme lui, c’est drôle, plein de gimmick mais diablement bien foutu. Comme un gosse qui aurait refusé de grandir, mais qui aurait su tirer le meilleur de l’âge adulte : la maîtrise ! Mélange de rock vénèr, d’électro-pop et de sons de fermeture éclair. Boogers n’est pas bavard, mais au moment du dernier morceau il nous parle de Mermonte, il ajoute « J’aime bien jouer avec un groupe qui sont plein. Je suis plein aussi mais ça se voit pas… Faut m’connaître ». On se doute qu’il est plein, en tout cas plein de talent, et on trouve ça cool.

La scène finit de se monter pour Mermonte et ce n’est pas une mise en scène classique. Sur le devant de la scène, deux batteries se font faces. A gauche un glockenspiel, un clavier et une vibraphonette, instrument de récup car la fabrication s’est arrêté dans les années 70, et de l’autre côté un violon et un violoncelle. Les guitares et basses se retrouvent au fond de la scène.

Une fois le décor planté, les onze membres de Mermonte montent sur scène.
Déjà assez fan de leur album Audiorama, j’attendais beaucoup de ce concert. Et je n’ai pas été déçue. Sur scène on voit se dessiner leur musique onirique et virevoltante, parfois puissante, toujours subtile. Les envolées de violon et violoncelle sont tantôt soulignées par les sons cristallins du glockenspiel, des rythmiques de batteries ou encore des voix, tantôt  laissées seules, pour que l’on puisse profiter des sons vibrants des instruments à cordes. Les rennais de Mermonte savent nous prendre et nous emmener dans leur voyage poétique, dans leur conte de fées, nous voilà presque dans les forêts mythiques bretonnes.
Les paroles des morceaux sont subtilement mêlées  aux restes des partitions des nombreux instruments déjà en places. Ils sont tous là, et si l’on tend l’oreille on peut en décoder chacun des sons, mais le mieux étant de fermer les yeux et de se laisser emporter dans cette musique intime, insaisissable. Mermonte nous offre une pop orchestrale, mouvante dont les accords font penser à Tortoise ou Efterklang. Une musique pleine, autant de charme que d’énergie, on navigue entre les eaux de Mermonte, entre les partitions, la grâce et la puissance.
Ghislain Fracapane a su s’entourer de musiciens doués, la complicité se dégageant de cet ensemble. Des regards s’échangent tout le long du set, surement pour s’accorder, à 11 cela paraît presque infaisable, et pourtant ils y arrivent, cela semble presque facile tant l’on sent qu’ils sont heureux de jouer ensemble.
A aucun moment nous n’avons vu passer le temps, les morceaux s’enchaînent, et c’est déjà le rappel. La salle applaudit à tout rompre, on en veut un deuxième. Mermonte est touché, mais ce sera tout pour la soirée.

Cette 1ère Fair : Party n’augure que du bon pour la suite. Les prochains concerts, et la sélection 2015 sont à suivre ! On notera la date du Fair :Party#2 le 5 février toujours au Café de la Danse.

Quant à Mermonte, ils seront en concert le vendredi 19 décembre à 21h au festival Les aventuriers à Fontenay /s bois.