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Live-Report
Oiseaux-Tempête + Jozef Van Wissem + T o u t e s t b e a u au FGO-Barbara

18 janvier 2017
Rédigé par Fanny Bonely

Ce soir, on se rend dans le 18e, au FGO-Barbara pour voir T o u t e s t b e a u, Jozef Van Wissem et Oiseaux-Tempête.

On débute avec T o u t e s t b e a u. Derrière ce pseudonyme se cache Erwan Ha Kyoon, homme-orchestre aux multiples vies. Planqué derrière sa capuche, un masque distordant sa voix vissé au visage, il semble tout droit sorti d’un jeu vidéo apocalyptique ou d’un épisode de Mr. Robot. Pourtant, on est bien loin de la musique en 8 bits.

T o u t e s t b e a u gémit, crie, frappe frénétiquement sur sa batterie, pousse des appels dans son micro, se jette sur son clavier. Le son est riche, très rythmique, avec ses claviers futuristes, sa touche krautrock et sa batterie flirtant avec l’afro-beat.

Androïde à l’agonie, comme asphyxié, portant ses dernières revendications derrière son curieux masque, T o u t e s t b e a u nous aura proposé ce soir une belle entrée en matière.

Changement d’ambiance avec l’arrivée tout en humilité de Jozef Van Wissem et de son fameux luth noir.

Caché derrière ses longs cheveux blonds cendrés, un trait de khôl noir sur les yeux, le bonhomme est hypnotique. Sorte d’Elrond d’un genre nouveau, il semble tout droit sorti de la forêt de Brocéliande, prêt à en découdre à coup d’incantations elfiques.

Connu pour avoir démocratisé le luth, son instrument-totem, notamment en composant la BO d’Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch, il nous propose ce soir un set quasiment intégralement instrumental.

Sur son instrument barré et baroque (la bête ne comporte pas moins de 26 cordes au total), il fait s’élever des ballades douces comme le son de la pluie, plongeant la salle dans un silence quasi monacal. Dans son costume à rayures, il caresse des cordes fines comme des cheveux et maraboute l’ensemble de l’auditoire.

Surprenant, déroutant, Jozef Van Wissem ne nous aura à coup sûr pas laissés indifférents.

Après les premières pluies, c’est maintenant l’heure de la tempête. Les parisiens d’Oiseaux-Tempête, dont on vous a déjà parlé à maintes reprises ici, notamment lors de leur passage à Petit Bain ou pour la sortie de leur précédent album S/T, sont ce soir accompagnés de G.W. Sok , ex-chanteur de The Ex et orato-prestidigitateur de talent.

Devant le calme apparent, c’est la tempête qui gronde. Bric-à-brac de grosses guitares, de trompettes aux influences free-jazz et d’une batterie onirique, Oiseaux-Tempête délivre la bande-son d’un film catastrophe. Une sombre histoire de fin du monde ? Une vague terrassant tout ? La fin d’une ère ? On ne sait plus. Mais le débit prophétique de G.W. Sok, porté par la formation présente ce soir avale tout. Du sol au plafond, des asticots aux oiseaux.

On reste plantés là, observant le reste du monde tournoyer autour de nous, les ailes prises dans les branches. Et c’est déjà l’heure de la fin. Dehors, point de tempête : mais des univers pleins la tête. Ce soir, on aura survolé Seoul, New York et Paris en moins de 3 heures. De véritables albatros de compétition ma gueule !