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Live-Report
Sallie Ford + The Hell McPherson’s à La Laiterie

19 décembre 2015
Rédigé par François Freundlich

Nous l’avions découverte en diva rockabilly avec son ancien groupe Sallie Ford & The Sound Outside lors des Transmusicales de Rennes 2011, puis redécouverte en surf-rockeuse déjantée pour les  Eurockéeennes de Belfort 2012. Le rendez-vous était donc pris avec Sallie Ford et son nouveau trio 100% féminin pour voir à quelle sauce la native de Portland, Oregon allait nous manger en 2015. Toujours plus surprenante, la demoiselle nous a encore étonnés. Mais avant ça, une première partie blues rock prend les devants.

Il s’agit d’un split groupe formé uniquement pour la soirée, composé du bluesman Thomas Schoeffler Jr. et du groupe de stoner rock Los Disidentes Del Sucio Motel, réunis sous le nom de The Hell McPherson’s (du nom de l’actrice australienne démoniaque). Le décor étant posé, nous nous retrouvons au beau milieu de la Vallée de la Mort pour des assauts rock abrupts et tendus, excellemment relevés par la voix folk de Thomas Schoeffler Jr. Ce dernier apporte une profondeur organique supplémentaire aux sonorités électrisantes, encore plus lorsqu’il se saisit de son banjo ou de son harmonica. Ces deux groupes complémentaires se sont parfaitement retrouvés pour se nourrir l’un de l’autre, adaptant malicieusement leurs propres titres aux influences des autres, comme l’excellent Jesus Shot Me Down. Le groupe ne formant plus qu’un terminera sur une reprise explosive d’ACDC (en ayant pourtant annoncé du Laurent Voulzy), It’s a Long Way to the Top. On espère que The Hell McPherson’s n’étaient pas qu’un one shot vu la qualité de la musique entendue ce soir.



Après ces débuts testostéronés, trois femmes s’installent sur la petite scène du club Laiterie pour introduire leur concert d’un triple a capella faisant monter immédiatement la température sur le titre Baby Won’t You. Le concert s'annonce alors d'ores et déjà comme dantesque, nous laissant plantés à deux mètres de l’Américaine à lunettes et chignon géant (voilà un girl-bun à faire pâlir tous les man-bun !). La voix est d’une maîtrise totale, entre une certaine désinvolture et ce côté fun, virevoltant, qui ressort des compositions ensoleillées de Sallie Ford. Elle est cette fois accompagnée de la bassiste Anita Lee Elliott et d'une batteuse folle qui semble se marrer en permanence, Amanda Spring. Ce girl-power-trio est imparable : le remuage de hanches devient obligatoire dès l’entame du dernier single, Coulda Been, aux influences se rapprochant du rock garage, à l’opposé du son vintage de son ancien groupe séparé en 2013. La guitare surf a tendance à lorgner vers une saturation dérivante, même si cette basse tonique et dansante est toujours bien présente. Le rythme est quant à lui explosif, Amanda Spring cognant sans se poser de questions en ébouriffant sa chevelure blonde. Les trois semblent enchaîner en toute décontraction et plaisantent entre les morceaux, Sallie Ford lâchant son rire de rossignol communicatif avant de reprendre sa moue lui donnant cet air à la fois sérieux et décalé. Si la voix impressionne à chaque syllabe, elle est rejointe par des chœurs bucoliques, comme sur Hey Girl. Le public est aux anges, se perdant dans la danse, même s’il est dommage d’entendre que malgré quelques textes féministes, elles n’échappent pas aux remarques machos de quelques rustres, comme si même sur scène, l’espace ne leur appartenait toujours pas. Tout est pourtant bien à elles sur le fameux tube Danger, pépite de pop dansante à la basse glissante. La voix grave nous en met plein la vue sur ces chœurs « ho ho ho », prononcés avec une classe ultime et fascinante. Sallie Ford et ses complices, généreuses, reviennent pour un rappel débutant par un petit jam et se terminant sur une reprise de Nirvana – About a Girl –, qu’on chantera bien sûr à tue-tête comme si on avait 15 ans à nouveau (cet effet Nirvana).

Sallie Ford est peut-être l’artiste qu’on a vu le plus évoluer et changer de style depuis quatre ans, évoluant devant nos yeux à chaque fois ébahis. On la sait portée sur les félins depuis sa fameuse « robe chat » des Eurockéeennes et les animaux qui ornent sa page Facebook, nous lui dédions donc notre plus beau chat jaune ainsi que cette aquarelle (de Daisy Gand) !