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Live-Report
Scanners à l'Espace B

04 novembre 2013
Rédigé par Amandine Hénon

Scanners
22 octobre 2013 - Espace B, Paris

 

Le rituel de la rue Barbanègre semble désormais installé tant nous multiplions les soirées que propose cet automne l’Espace B. L’arrivée se ponctue invariablement du verre de bienvenue où habitués du quartier, artistes et fervents de musique se mélangent dans un moment de convivialité. La suite, quant à elle, a lieu dans l’arrière-salle, antre noir aux lumières rouges qui voit défiler, depuis quelques saisons maintenant, du bien beau monde. Aujourd’hui, ce sont les Anglais de Scanners qui chaufferont l’atmosphère.

Avant toute chose, laissons place à la première partie, sobrement nommée Parc. Les jeunots un brin bobos, jeans slim retroussés, proposent une recette très en vogue depuis quelque temps : mélodies pop légères et gentillettes et paroles en français façon vieille France à l’accent titi parisien. Les compositions sont rapidement difficiles à appréhender au premier degré tant Parc se veut un conglomérat de La Femme/BB Brunes/Remplacez-cette-option-par-un-quelconque-artiste-français-de-cette-nouvelle-vague-souvent-insupportable. Des premiers, ils empruntent des mélodies rafraîchissantes, simplistes et efficaces tandis qu’ils partagent avec les seconds des paroles faussement olé olé et souvent très peu inspirées. Les titres se suivent et se ressemblent (Marie, La Nuit, On pourrait échanger nos fringues plus souvent) et face au peu d’enthousiasme engendré par l’assemblée, nous en venons presque à prendre le groupe en pitié et nourrissons les fins de morceaux de quelques applaudissements peu convaincus et probablement peu convaincants par la même occasion.
La suite sera, fort heureusement, différente. Scanners attirent bien plus l’attention du public, qui manifeste sa satisfaction dès les premières notes. La chanteuse, jolie brune à la combinaison verte satinée so 80’s, y est pour beaucoup ; elle est en effet extrêmement expressive, bouge, danse, saute, assiège littéralement la salle par sa présence. À côté de cela, la claviériste, radieuse et souriante, et le guitariste interchangent leurs instruments aisément tandis que l’ambiance ne cesse de monter en puissance. Une puissance rock brute rappelant Sonic Youth ou les Pixies ou, a contrario, des intermèdes dansants, sans grande prétention mais menés à merveille, permettent au groupe de proposer un set compact, sans temps mort, où rien ne sera à jeter tant il tient un niveau élevé.

Finalement, la prestation de Scanners permettra d’oublier une première partie insipide qui viendra nourrir les idées préconçues affirmant que la France crée encore et encore des artistes caricaturaux. Finalement, il aurait peut-être mieux valu voir Parc au second degré pour pouvoir les digérer.

Photos Alan Kerloc'h