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Live-Report
The Pirouettes + Minou à la Laiterie

11 mai 2017
Rédigé par François Freundlich

Dans la petite famille French Pop, nous sommes récemment tombés sous le charme d’un duo pétillant et irrésistible : The Pirouettes. Il fallait forcément qu’on aille se frotter à l’une des dates de leur tournée faisant suite à la sortie de leur premier album Carrément Carrément. Et quand on a appris que la première partie s’appelait Minou, vous nous connaissez bien, on a carrément ronronné de plaisir. Voilà deux couples à la ville et à la scène pour de l’amour par-dessus tout.

Les deux félins mystiques entrent en scène dans leurs habits de lumière, Sabine Quinet cachée par une toge à capuche et Pierre Simon en mode disco, lancent leur électro-rock entêtant fait de beats ralentis et de guitares tendues. Le duo Minou, d’Issoudun près de Bourges, avait remporté le radio-crochet de France Inter et nous découvrons ce soir leurs tubes super entêtants. Les voix de Sabine et Pierre sont constamment à l’unisson, ne se séparant que pour laisser s’exprimer les instrumentaux ravageurs qui font déjà danser l’assistance. On retiendra la mélancolie synthétique de Hélicoptères, rappelant parfois Ladyhawke ou Robyn alliée à une poésie toute française, faisant parfois penser à la scène pop québécoise. Si les instrumentations lentes possèdent une résonnance new wave assez cinématographique rappelant Kavinsky, on s’est également bien excités sur Montréal, autre tube en puissance et en déliés. Minou a su faire monter la température jusqu’à un final étourdissant pour un public qui en voulait toujours plus. Partie remise ?

Les stars de la soirée s’installent sur scène : stars puisque The Pirouettes est bien un groupe qui possède sa base de fans hardcore, comme on dit dans le petit dictionnaire illustré de la fanitude. C’est bien le signe d’un avenir radieux puisque ces groupes souvent oubliés par les labels avec les années ne le sont jamais par ceux qui les suivent. Nous n’en sommes pas là puisque Vickie et Léo (qui est aussi le batteur de Coming Soon) n’en sont qu’à leurs débuts, même si cela fait quelques années qu’ils écrivent des tubes en puissance, toujours accompagnés d’excellents clips, depuis leur rencontre dans leur lycée d’Annecy. On a un peu l’impression que ce couple sens dessus dessous enchaîne les hymnes pleins de ferveur comme des mini-Metronomy frenchies. Les instrumentations diablement efficaces empruntent autant à l’electro-pop qu’au hip-hop, alors que les textes ajoutent une fraîcheur contemporaine, comme une nouvelle manière de chanter en français en (humhum) 2016. On pense bien sûr à la pop française des 80’s, de Niagara aux Rita Mitsouko, mais qui aurait pris une bonne dose de Daft Punk dans la tronche.

Les Pirouettes nous parlent d’amour et c’est bien cela qui nous fait sourire et danser. Après des extraits de leur premier EP comme Chanter Sous Les Cocotiers et ses beats tropicool, les tubes sont récités par cœur par un public plutôt jeune et féminin. L’Escalier fait bien exploser ce beau monde qui remue en rythme avec ce beat disco-pop prolongé par une basse et une batterie ajoutant de la profondeur aux morceaux. Le club Laiterie se transforme en mini-dancefloor comme on l’a, avouons-le, rarement vu. The Pirouettes enchaînent avec la mélancolique et entêtante 2016 (en ce temps-là), un peu comme s'ils nous racontaient déjà cette époque bénie de leurs débuts, puis sur Carrément Carrément qui libère complèdetement les passions. Ces deux-là savent définitivement comment s'approprier la foule avec des histoires où l'ont peut aisément s'identifier et on les imagine aisément sur de grosses scènes de festival. La boucle est bouclée avec Signaux et ses incursions R’n’B, dont le texte décrit parfaitement l’ambiance de leur concert. Dernier Métro nous fera verser nos dernières gouttes de sueur avec son Bontempi effréné. Un deuxième rappel imprévu les a même surpris eux-mêmes, le public choisit de terminer en tendresse sur Dans le Vent de l’été pour calmer un tout petit peu les ardeurs.

Un concert des Pirouettes vaut décidément son pesant de cacahuètes, ou de tartiflette. La mignonnerie de ce duo n’a d’égale que la puissance de ces tubes qui fait danser les minous jusqu’au bout de la nuit.