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Live-Report
The Twilight Sad à La Laiterie

20 novembre 2015
Rédigé par François Freundlich

Ce vendredi 13 novembre, nous étions à un concert de rock, celui de The Twilight Sad à la Laiterie. Il s’est bien terminé, dans l’insouciance et la joie collective. Après cette soirée, nous avons passé cette nuit terrifiante à suivre les nouvelles, comme beaucoup. Mais nous sommes retournés voir des concerts dès le lendemain et nous continuons à écrire et prendre des photos de ces moments de joie et d’insouciance collective. Nous reprenons donc la plume et l’objectif pour vous parler d’un concert de rock, car rien ne fera taire notre passion pour la musique.

The Twilight Sad s’installe paisiblement au son d’un doux chant féminin oriental avant que leurs guitares ne prennent le dessus et que le charismatique James Graham ne murmure ces « She’s not coming back from there » du fameux titre There’s a Girl In The Corner, dont Robert Smith avait fait sa propre version. L’influence de The Cure est en effet omniprésente dans les ambiances du groupe, évoluant dans cette pénombre et élèvant le crescendo de ce morceau pour imposer une intensité géante dès le premier titre. Graham n’oublie pas de rappeler qu’ils viennent de Glasgow, de son fort accent écossais qui marque tant de son empreinte le son du groupe, tout comme les tempêtes électriques du guitariste Andy MacFarlane.  Mais au milieu de ces ambiances nuageuses, l’œil ne quitte jamais James Graham, complètement habité, comme possédé par un esprit si puissant qu’il en est contagieux. Le chanteur semble se donner corps et âme, levant le poing et la tête vers le ciel, titubant de chaque coté de la scène, dansant avec son pied de micro ou s’arrachant le cœur, alors qu’il entame l’entêtante Last January. On a rarement vu quelqu’un donner autant de soi pour une prestation live.

Les nappes de synthé vaporeuses nous étreignent, alors que les instrumentaux tourbillonnant nous incitent à fermer les yeux et à remuer sans plus penser à rien. The Twilight Sad nous saisit de l’intérieur quand son post-punk se change en transe-punk viscérale. Leurs morceaux plus paisible comme It Never Was The Same sont d’une profondeur immense et raisonnent maintenant en nous différemment quand on se rappelle ce refrain déclamé

« We dance to save them all, we ask to save them all, we try to save them all, you didn’t have to kill them all ».

Un concert de The Twilight Sad va au-delà de la musique, c’est une illumination portée par des textes sombres appelant à reprendre espoir. Les ambiances angoissantes et frénétiques du titre Nil déchainent ensuite leurs accointances rock industriel là ou la voix monocorde et envoutante se crispe subitement. Les écossais nous gratifieront du premier titre de leur premier album, Cold Days From The Birdhouse, sonnant presque comme un hymne retentissant, un Flower of Scotland bis aux "R" roulés, avec ce final en forme d’éruption.

Certains mots raisonnent encore après coup en nous avec un goût particulier, étant donné ce que d’autres ont pu endurer tandis que nous étions à l’un de nos meilleurs concerts de l’année. De There’s A Girl In The Corner, Last January à It Was Never The Same, nous pleurons, mais nous continuerons. Pour eux, pour notre amour de la musique qui ne s’éteindra pas malgré la tristesse du crépuscule.