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Live-Report
Trust + Fumer Tue

29 juin 2014
Rédigé par François Freundlich

TRUST + Fumer Tue
La Laiterie, 20 juin 2014

 

Nous avions chroniqué son dernier album en date Joyland dans ces pages, le Canadien de TRUST le défend sur une petite escale française, pour faire partager la joie de ses concerts furieux. Au départ side project du groupe Austra, Robert Alfons était accompagné de la batteuse Maya Postepski avant que celle-ci ne revienne au bercail, laissant l’homme aux synthés multiples se débrouiller seul. Il était ce soir accompagné du groupe Fumer Tue, nouveaux venus de la scène électro-punk strasbourgeoise.

On connaissait les Lillois de Roken Is Dodelijk, mais ce trio nous prévient cette fois en français des méfaits du tabac. La formation en guitare basse synthé est accompagnée de beats insufflant une touche électro à leurs morceaux, puisant leur énergie dans des résonances très 80’s. La pétillante chanteuse ne cesse jamais ses mouvements de danse saccadés, regardant le public d’un air frondeur en déployant une voix déclamée. Cette dernière s’envole souvent dans des duos avec un guitariste nerveux, poussé par une basse aux accents post-punk. Mais le plus entraînant dans le son de Fumer Tue restent ces boucles de synthés new-wave rappelant fortement Stereolab, qui auraient pris une dose d’électro-clash dans le grille-pain. Saupoudrez le tout d’une pop rigolote et lunaire à base de chœurs en « houhou » comme sur le single Bichou, vous obtenez le déclic parfait pour se mettre à danser. Ces Fumer Tue qui ne manquent pas d’autodérision possèdent ce petit quelque chose qui pourrait inscrire leur nom sur la place de la hype de cette scène synth-pop française. Nous en sommes autant convaincus que Fumer Tue !

Les néons multicolores ont été dressés à l’arrière de la scène, le Canadien de TRUST apparaît dans l’ombre d'un stroboscope clignotant ne laissant guère apparaître l’installation scénique minimaliste. Il ne reste qu'un synthé, une batterie et un grand espace pour que Robert Alfons puisse danser comme un pantin désarticulé. Le début du set est quelque peu déroutant, puisant énormément dans l’Eurodance la plus kitsch avec Geyron. On en vient à se poser quelques questions sur notre présence avant que les passages plus sombres et inquiétants ne prennent l’ascendant. Capitol permet de se rendre compte de toute la gravité dans la voix nasillarde du Canadien avant que Rescue, Mister ne nous libère complètement. Ce fameux tube ultra-dansant et son refrain entêtant voient le chanteur monter dans des aigus étonnants. Alfons a cette particularité de chanter soit très grave, soit très aigu : on se questionne sur la présence d’un ballon d’hélium caché dans le micro. Pendant ce temps, sa claviériste ne respire pas vraiment la joie de vivre, campant en mode statue derrière son instrument tandis que le batteur parvient à détacher les compositions d’une électro parfois trop banale. TRUST enchaîne les titres sans communiquer, répétant parfois la même formule à outrance. Quelques fulgurances s’échapperont comme cette tension vocale sur Joyland. La voix fait beaucoup dans l’originalité de la musique de TRUST, sans quoi peu de choses émergeraient du bouillon ambiant. Il terminera dans la furie de Candy Walls, nous laissant finalement sur notre faim avec un concert donnant l’impression de n’avoir duré qu’une demi-heure alors qu’il a bien duré plus d’une heure. Ce fut chaotique mais le mot d’ordre du soir était bien : danse, tu réfléchiras plus tard.

Après un concert de Fumer Tue assez mortel, on croyait que TRUST allait nous achever. Mais si ses inspirations électro-goth ont pu nous impressionner, la face insipide trop présente de sa musique nous a laissés de marbre une bonne partie du concert. Trust me or not.   


Photos de Eric Schneider