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Live-Report
Wavelength Music Festival - Toronto

31 mars 2016
Rédigé par François Freundlich

Profitant d’une escale canadienne, nous avons passé un week-end dans l’un des festivals hivernaux les plus pointus de la mégalopole Torontoise. Loin des grandes salles et des grands espaces, c’est dans un petit club de Downtown, The Garrison, que le Wavelength Music Festival proposait pendant trois jours, quelques uns des meilleurs groupes de Toronto, Mississauga,  Montréal ou encore du New Brunswick. Nous avons bravé le froid du week-end le plus glacé de l’hiver, -22°C au plus bas, pour vous offrir ces découvertes!

A peine sortis du tramway, on se précipite au chaud dans le club encore peu garni en ce début de soirée de vendredi. Un duo psychédélique de Montréal est déjà lancé dans ses expérimentations folles. Organ Mood mélange des nappes synthétiques flottantes à des rythmes lents et virevoltants. Des visuels projetés directement via quatre vieux rétro-projecteurs et leurs  papiers transparents manipulés via des filtres colorés en mouvement, sont l'attraction principale du show. Exactement comme dans la classe de 4ème de Madame Hubert mais en beaucoup plus impressionnant. Le résultat ainsi que la technique utilisée sont assez somptueux à observer. Le show se termine de manière immersive puisque le public se voix confier des percussions pour marquer le rythme du dernier morceau, tout le monde se retrouve à jouer avec le groupe jusqu’à votre serviteur qui martèle frénétiquement son wood-block. Voilà une première expérience inattendue.

Après ce premier concert installé au beau milieu de la fosse, la petite scène est finalement ouverte pour voir apparaître la torontoise Blunt Chunks, qui remplace en dernière minute une annulation, mais qui se révélera comme la prestation majeure de la soirée. Caitlin Woelfle O’Brien apparaît timidement sur la scène avec sa simple guitare mais nous fait frissonner davantage qu’à l’extérieur de la salle avec sa folk électrisante et froide. Sa voix semble lointaine est égarée et nous voilà suspendu à son souffle court et mystérieux. On pense parfois à Hope Sandoval sur certains titres navigant délicieusement entre minimalisme romantique et échos portés par des enregistrements sur ses pédales de boucle. La mélancolie et la sincérité de Blunt Chunks ont su nous charmé, en faisant à coup sûr une artiste à suivre…

Après ces débuts éthérés c’est un rappeur de Mississauga, ville frontalière de Toronto, qui va prendre le relais. Le festival mélange tous les styles et voilà l’audience attentive se transformant un dancefloor de bras levé et de refrains scandés. Keita Juma et son hip-hop psychédélique fait réellement plaisir à voir tant son énergie est communicative et ses propres productions synthétiques plutôt entrainantes. Elles semblent parfois se ralentir dans un slow motion donnant envie de se mouvoir lentement avec des inspirations de The Weeknd. Le moment west-coast de la soirée nous a surpris, au point de se rapprocher pour participer à la frénésie lancée par Keita Juma. Bien joué.

Un voisin d’Edmonton  lui succède :  le beau gosse Calvin Love et son groupe fait prendre un virage très pop à la soirée. Un peu trop peut-être puisque ses aspirations électro-pop teintée de guitare rock’n’roll manquent d’un petit quelque chose qui pourrait les faire décoller et tenter de nous faire vibrer. Mais le crooner au costume disco et aux faux airs de Marty Mc Fly nous laisse dans notre présent un peu monotone. Lui-même ne semble pas ravi de sa performance vocale, l’air renfrogné sur lui-même. Nous lui laisserons certainement une autre chance dans des conditions plus favorable à lui et son groupe.

Pour terminer la soirée, la Montréalaise francophone FOXTROTT impose un style plutôt indescriptible et qu’on n'a peu l’habitude d’écouter. La chanteuse – productrice est accompagnée par une joueuse de cor d’harmonie marquant la rythmique de son instrument d’une manière si délicate qu’il se mêle parfaitement aux développements synthétiques, hip-hop ou dancehall des instrumentaux. Cet instrument à cuivre qu’on entend habituellement dans des fanfares prend une toute autre dimension lorsqu’il est accompagné de la voix soul, froide et extasiée de Marie-Helene Delorme. Ce minimalisme basé sur une rythmique forte et une voix omniprésente nous prend au dépourvu dans le bon sens du terme. FOXTROTT est parvenu à nous faire remuer avec ses saccades cuivrées.

On retiendra de multiples excellentes découvertes de cette soirée avec notamment Blunt Chunk qui a livré la performance marquante de ce début de Wavelength festival.