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Live-Report
Future Islands à La Laiterie

20 novembre 2017
Rédigé par François Freundlich

On attendait le turfu sur notre île avec impatience lorsqu’on a vu l’annonce de ce concert de Future Islands qui devait se produire à La Laiterie de Strasbourg. Le jour est finalement arrivé : devant une salle comble, le grand Samuel T. Herring et ses comparses vont faire résonner leurs meilleurs titres dans un show à l’émotion palpable.

 

Cette émotion est évidemment et avant tout due au charismatique leader du groupe de Caroline du Nord. Ses gestes théâtraux parviennent presque à nous communiquer autant de passion que la musique orchestrée par un groupe statique placé tout à l’arrière de la scène. Tout l’espace est dédié à Herring, qui le parcourt sans cesse, le dos légèrement recourbé comme un animal en lutte, le poing levé et le regard plongé dans celui du public, de manière à lui expliquer ses morceaux et les faire ressentir au maximum dans les cœurs. Et ça marche, puisque ce Freddie Mercury du XXIe siècle nous fera plusieurs fois frissonner de l’épiderme tant il vit pleinement chaque seconde. Herring prend soin de nous zyeuter en bonne et due forme, heureux de jouer pour la première fois dans la ville et d’y voir tellement d’aficionados. Sa voix grave et rocailleuse ne laisse pas indifférent, sa tessiture unique provoquant l’adoration ou le rejet immédiat. Pour nous c’est oui, même ces petits grognements rauques ou glaviots lâchés au détour de certaines fins de phrase nous font irrésistiblement sourire. Pas autant que tous ces pas de danse exécutés avec une souplesse tonique ou encore que cette kalinka improvisée. Puis Herring nous parle, nous expliquant que les membres du groupe ont tous l’air assez vieux mais qu’en fait, ils sont plus jeunes qu’ils n’en ont l’air. Vérification faite, nous sommes plus vieux.
Prends ça, le futur.

Le début du set voit s’enchaîner les meilleurs passages du dernier album en date, The Far Field, sorti cette année. On s’excitera notamment sur Beauty Of The Road ou sur la basse trépidante de Ran, sorte de tube pop synthétique aux accents dancefloor entêtants à souhait. La danse ne manquera pas durant cette heure et demie de concert. Nous avons néanmoins toujours une tendresse particulière pour les extraits de l’album Singles, comme la légère A Dream Of You And Me, qui a le mérite de calmer le jeu après une entrée rythmée, avec ses synthés asiatisants. C’est un autre extrait du dernier et cinquième album du groupe qui nous marquera : Cave et ses « Don’t believe anymore » déclamés ou grognés comme si la vie de Herring en dépendait. Ses mouvements de retournés aussi brusques que subits sur lui-même liquéfient encore plus sa chemise rouge ayant déjà beaucoup trop absorbé. Il n’hésite pas à se frapper violemment plusieurs fois la poitrine pour s’affirmer, libérant au passage le fluide sudatoire en spray. L’émouvante A Song For Out Grandfathers nous prend par les sentiments, nous égarant dans la réflexion, le temps d’un morceau s'évadant bien au-delà de l’hystérie du concert. La fin du concert est encore plus belle puisqu’elle voit s’enchaîner les deux tubes géants de l’album Singles : Seasons (Waiting On You) et ses « As it breaaaks » totalement jouissifs, donnant l’envie de les crier sans fin. Comme précisé dans le titre du morceau, nous l’attendions effectivement !



Avant de sortir de scène, Future Islands termine sur Spirit et ses claviers dance fleurant bon les 90’s pour nous rendre presque aussi fous que Samuel Herring (presque). Le rappel fait appel à des morceaux plus calmes et plus anciens, le chanteur expliquant que rejouer un morceau écrit en 2007 lui remémore un instant et une personne précise à chaque fois qu’il l’interprète. Une fin de concert dans la poésie, il fallait oser mais tout est forcément spécial avec Future Islands.

 

Le groupe américain propose l’une des meilleures performances scéniques actuelles, et ce sans guitare. On aura au final assez peu regardé le trio basse, batterie, synthé tant le leader est un aimant émotionnel. Assurément un de nos concerts de l’année !