Webzine indépendant et tendancieux

Live-Report
Mozes and the Firstborn - Point Ephémère

19 avril 2014
Rédigé par Amandine Hénon

Mozes and the Firstborn
Le Point Éphémère - Le 9 avril 2014


La combinaison d’une météo clémente et d’un concert au Point Éphémère est toujours l’occasion de débuter la soirée d’une manière plus qu’agréable en profitant de la terrasse sur les berges du canal St Martin. Ce mercredi ne dérogera pas à la règle et alors que nous sirotons rêveusement notre bière sous la douceur printanière, une bande d’énergumènes sortis des 90’s, chemises sur tee-shirts, jeans troués et Doc Martens de rigueur, s’amusent gaiement à prendre la pose pour une photographe ; nous reconnaissons alors les membres de Mozes and the Firstborn et à voir leur bonne humeur, nous sommes en confiance quant au déroulement du concert de ce soir.


L’assemblée n’est pas encore au complet lorsque Cliché, jeune formation de french pop, branche les guitares. Dès les premières minutes, nous savons qu’il sera difficile d’établir une transition en douceur avec Mozes and the Firstborn tant les deux groupes sont éloignés musicalement. Les mélodies naïves, versant allègrement dans la tradition « variété française », couplées aux paroles (dans la langue de Molière) parfois difficilement compréhensibles ne semblent pas attirer l’attention du public, massivement venu pour les Belges. Si la voix nous rappelle à certains moments celle de Philippe Katerine, elle ne possède ni le sens du l’humour, ni le second degré de ce dernier. Le set ne restera probablement pas longtemps imprimé dans nos mémoires et nous préférons le suivre de loin, attendant le début des réelles hostilités.


Mozes and the Firstbones, un peu à la manière de Nirvana, n’ont pas décidé de miser sur leur look qui, d’ailleurs, nous ramène quelque vingt années en arrière. De la longue crinière blond cendré du batteur aux jeans informes, la soirée rend hommage à un grunge en grande partie mort en même temps que son leader. Comme Cobain en avait réussi le pari à l’époque, Mozes and the Firstborn tablent tout sur la simplicité et l’efficacité. Leur musique emprunte autant au garage qu’au rock bien gras des années 90 auxquels vient se mêler une pointe de pop. Le résultat pourrait se résumer en un titre phare du groupe, I Got Skills, hymne intemporel repris à tue-tête par les fans et les novices. Les riffs sont simples, efficaces, tout comme les mélodies qui collent autant qu’un vieux chewing-gum oublié au fond d’une poche. La présence scénique des Flamands n’a certes rien d’exceptionnelle mais, comme leurs choix musicaux, la simplicité a parfois du bon. À constater leur bonne humeur et la conviction avec laquelle ils délivrent leurs compositions, les spectateurs ne s’y trompent pas et le leur rendent bien. Le temps défile, sans longueur, et les faciès, de part et d’autre de la scène, délivrent la même expression de joie.


A l’heure où la musique est trop souvent synonyme de masturbation intellectuelle sensée reléguer le plaisir au second plan, au profit de la réflexion et de l’expérience, Mozes and the Firstborn  renouent ce soir avec des traditions trop souvent oubliées. On retrouve alors la puissance d’un riff, la jouissance d’une batterie appuyée et la joie de scander des refrains fédérateurs. Nevermind the bollocks comme ils disaient !

Photos Alan Kerloc'h