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Live-Report
La Route du Rock 2017 - Jour 2 (Samedi)

05 septembre 2017
Rédigé par Cannelle Garcia

Deuxième jour sur le Fort St Père, toujours sous le soleil, la foule est moins compacte que la veille. Il est toujours agréable ce moment où l’on arrive sur le fort en remontant le chemin, on y croise la variété des spectateurs de la Route du Rock, prenant le temps de checker les prochains festivals et concerts à venir, mais surtout la traditionnelle expo photo.
Les accès aux bars et aux Food-Trucks sont dégagés, nous en profitons donc pour nous ravitailler en boissons et autres fish n’chips, au cas où.

On prend place devant la scène du fort pour le début de Parquet Courts, moins garage qu’auparavant, plus accessible, on reste séduit par leur rock nuancé et leurs accords plus léchés. Les texans new-yorkais ou les new-yorkais texans comme il vous plaira, ont performé un set propre et à la hauteur de ce que l’on attend d’eux.

La première vraie claque de cette Route du Rock arrive ensuite sur la scène des remparts. Un retour en 2016 après 10 ans de séparation, une pop post folk simplissimement efficace, une rythmique prenante, des textes de loser mélancolique emballés par la voie prenante de Aidan Moffat et des accords jouissifs, c’est tout ça Arab Strap. On voit les gens du public, qui écoutaient jusque-là distraitement en faisant la queue pour un refill de bière, se tourner vers la scène en s’exclamant : « mais c’est bon ça ! ». Il n’y a pas à dire, les écossais font un retour remarqué et c’est tant mieux !

On quitte les brumes Ecossaises, pour rejoindre les Midlands, le voyage est rapide mais le style opère un quart de tour, ce soir sur le fort malouin on explore les différentes facettes de la pop. Sur la scène principale on retrouve The Temples et sa pop psychédélique sixties. Les 4 anglais de même pas 30 ans jouent leur nouvel opus, Volcano, sorti cette année. Entre les volutes d’arrangements complexes, et les voix planantes on est emporté à une autre époque, sémillante et dansante.

On redescend doucement sur le sol caillouteux du fort, le temps de prendre un verre et on continue notre exploration de la pop et du Royaume-Uni avec The Jesus and Mary Chain et leur pop/rock qui gratte. Ce groupe écossais des années 80 nous offre Damage and Joy en 2017, leur 1er album, depuis leur reformation en 2007. Leur long set est à la hauteur de leur retour, on passe un bon moment, on se laisse porter par les guitares et les voix de Jim et William Reid.

On change de style et de continent en se rendant devant la scène des remparts. Au fond de la scène un grand tissu est suspendu, des fleurs et Black Lips tagués, au cas où on n’aurait pas suivi. On se croit en effet dans un garage aménagé pour recevoir les potes du quartier et faire un set des derniers morceaux répétés après l’école. Mais les américains, souvent qualifiés de sales gosses, sont bien plus que ça, ils se sont bien entourés (Sean Lennon, Yoko Ono ou encore Saul Adamczewski) pour leur dernier album sorti en mai 2017. Et on peut dire que ça envoie. Sur scène ils se font plaisir, et ça nous fait du bien.

On est bien chauffé pour la suite, la deuxième claque de cette deuxième soirée au fort Saint Père.

On nous avait prévenu, Future Islands on en ressort pas indemne. On n’a pas été déçu, on a été scotché par la performance de Samuel T. Herring. Il semble vouloir nous transmettre ce qu'il y a de plus profond en lui, nous invective à être attentif, le torse bombé, son poing armé, il harangue la foule de son regard perçant et enchaîne sur un mouvement de hanches évocateur. Le show c'est lorsque l'on danse ensemble, le show c'est lorsqu'il mène la transe.  Même lorsque le rythme se radoucit, qu'il nous prend par la main pour une ballade langoureuse, sa voix n'est faite que de force, elle est râpeuse comme un verre de bourbon servi sur le zinc d'un vieux rade du New Jersey. "Let's dance motherfucker !!" En fait il nous fait la leçon, et quelle leçon bordel ! Le fort est en fête avec Future Islands.
On n’hésite pas à se jeter sur leur dernier album The Far Field, parce qu’une fois qu’on y a gouté, on en redemande !

C’est sur cette joie que l’on quitte le fort pour cette deuxième soirée, on n’a pas le courage de rester pour profiter du set de Soulwax, on se consolera en le rattrapant en replay sur Arte Concert !