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Live-Report
White Whine à Stimultania

20 février 2018
Rédigé par François Freundlich

La galerie strasbourgeoise Stimultania accueille, entre quatre murs plaqués de photographies, le trio fou White Wine. Le groupe de Leipzig est emmené par l’Américain Joe Haege, connu pour ses fameux projets rock 31Knots ou folk Tu Fawning. Cette formation va encore plus loin dans l’expérimentation, aussi bien sonore que scénographique. Nous voilà prêts pour l’aventure.

 

Dans un espace réduit, White Wine est parvenu à installer un matériel imposant, Joe Haege se tenant encastré entre son synthé et ses machines rythmiques. L’excité tonne comme un beau diable tout en déployant sa voix monocorde et empoignante. Il enchaîne les instruments sans flétrir, posant sa guitare électrique pour déployer des nappes de synthés, tout en laissant toujours dépasser ses baguettes de batterie de son flight case pour ne laisser aucune chance à un quelconque temps mort. La rythmique cataclysmique et métronomique forme la base du rock indé furieux de White Wine puisque le batteur Christian Kuhr est souvent accompagné par les machineries du chanteur, sans oublier cette cymbale spiralée en forme de serpent qui se voit volontiers maltraitée sans coup flétrir. Le second guitariste et claviériste Fritz Brückner s’arme sur certains titres d’un basson pour ajouter des sonorités déviantes et lancinantes aux compositions. Vous l’aurez compris, toute tentative de description est vaine tant il s’agit d’une expérience à vivre.

Joe Haege taquine le public dès le début du set puisqu’il commence à chanter parmi nous, une partie de l’audience se demandant d’où vient cette voix, n’ayant pas l’homme en vue. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises puisqu’il nous rejoindra assez souvent pendant les morceaux. Entre noise martelée, rock expérimental en constant changement de rythme et boucles de synthés ou de basson corsées, White Wine nous perd allégrement dans un labyrinthe en constante évolution. On se souviendra de ce marathon math rock où Joe Haege répète des « release the devil » sur le titre I’d Run. La bête est définitivement lâchée lorsqu’il déploie un kakémono (ces présentoirs publicitaires utilisés dans les salons) imprimé à motifs noir et blanc et troué sur sa partie supérieure. Haege jouera un morceau en ne laissant apparaître sa tête qu’à travers le cercle, à la manière d’une marionnette. Il finit par déployer une corde lumineuse passant à travers le public et même par nous encercler à l’aide d’un tissu jaune. On n’a pas trop compris ce qu’il se passait à ce moment-là mais le happening fut réussi. Le rappel fut tout aussi dantesque avec une fureur en crescendo où Haege libère toute son énergie semblant être inépuisable.

 

Quelle performance de White Wine dans ce petit espace où le public semblait faire corps avec le groupe dans une expérience hors du commun. Au travers de tous ses projets qui se bonifient comme du bon vin, cet homme ne cessera jamais de nous surprendre.